A Bedtime Story
L’inspiration s’est manifestée et une nouvelle exposition est sur les rails !
L’histoire commence il y a quelques semaines d’ici. Dans le cadre d’un atelier de photographie dont le thème était “Songes d’une nuit des taies”, je devais produire des photos en rapport avec la chambre à coucher. Rien qui me parlait vraiment je dois dire… Un jour pourtant, deux heures seulement avant de me rendre à mon atelier (bredouille, il faut bien l’avouer), je passai en coup de vent dans ma chambre et me fis la réflexion que mon drap de lit de couleur beige et mal lissé ressemblait à un désert de dunes.
Il n’en fallut pas plus pour que l’inspiration me frappe d’un uppercut bien placé en pleine mouille !
Ni une ni deux, je me précipitai sur mon ordinateur à la recherche d’une silhouette de caravane de chameaux, histoire d’illustrer le fameux désert que je voyais dans ma tête à moi. Je me voyais faire une photo d’un homme menant ses bêtes à travers le désert en pleine journée. J’étais encore loin de réaliser ce qui allait se jouer plus tard. Je n’avais alors qu’une idée qui “pourrait peut-être donner quelque chose”.
Petite remise en contexte afin de comprendre la suite : quelques jours plus tôt je faisais les photos de Saint Nicolas dans un centre commercial, mon appareil étant réglé aux lumières et aux réalités du terrain.
Nous revoilà donc dans ma chambre. J’ai imprimé ma caravane de chameaux (enfin 2 dromadaires et un chameau), en petit, sinon ce serait trop facile, je les ai découpés à l’aide de ciseaux et d’un cutter, et je les ai fixés à l’aide d’un tape sur une des “dunes” de mon drap de lit.
Je m’apprête à prendre la photo.
Je prends la photo.
Seulement la photo ne ressemble absolument pas à une photo prise dans le désert en plein jour (“bah oui biesse, c’est ton lit !” me diront certains). Dans ma précipitation, je n’avais pas changé les réglages de mon appareil et la photo apparait beaucoup plus froide (bleue) que prévu.
C’est là que va se jouer toute la suite d’un processus prometteur !
(Je laisse un blanc pour construire le suspense nécessaire…)
Certains appelleront ça le hasard, voire de la chance (je ne crois en ni l’un ni l’autre, pour moi les choses arrivent pour une raison), mais on dirait que la photo a été prise au clair de lune, donnant une profondeur que je n’avais absolument pas anticipée à l’image. Cela m’a directement fait penser à un extrait du roman L’homme qui voulait vivre sa vie de Douglas Kennedy, livre que j’ai lu plus tôt cette année : “Règle numéro un de cet art : on ne choisit pas le bon moment, on tombe dessus, en priant le ciel d'avoir alors le doigt sur le déclencheur”. Même si cela n’illustre pas exactement la situation décrite ici, je fais le lien sur la part d’imprévu qui peut transformer une photo à la base banale en quelque chose d’inspirant.
J’utilise le mot inspirant car, au vu du succès qu’elle a rencontré à mon atelier de photographie et le plaisir que j’ai eu à la faire, j’ai gardé l’idée dans un coin de ma tête pendant un certain temps, celui des fêtes de fin d’année pour tout dire.
Tout cela nous mène à ce début janvier 2020. Un jour, je passe devant une vieille bouteille de gin que j’ai remplie de vinaigre de cidre pour ma cuisine. Le second uppercut se manifeste. Je monte alors une seconde photographie, qui porte un message (ce qui ne sera pas forcément le cas pour la suite de la série). Cette seconde oeuvre traitera de l’alcoolisme, ou toute autre forme d’addiction, de la place que cela peut prendre dans la vie de la personne concernée ainsi que la solitude qui en résulte.
J’ai relativement peu de retours à propos de cette seconde photographie, mais j’ai pris goût à l’exercice et je m’ouvre à la possibilité d’en réaliser d’autres. Cela ne se fait pas attendre. Mon imagination se met en branle et un flot d’idées me submerge ! Afin de juguler la quantité d’idées et d’essayer de garder une certaine cohérence dans mon travail, je décide de m’imposer des contraintes (c’est très différent de s’imposer des choses à faire absolument, ici on met simplement un cadre) : comme pour les premières photos, toutes les photos de la série en création ne seront pas retouchées sur photoshop, simplement traitées sur Lightroom, le programme de développement de photos. Chaque silhouette est puisée dans une banque d’image libres de droits, imprimée à l’échelle voulue et découpée à la main, puis fixée tant bien que mal à l’aide de scotch (que je considère aujourd’hui comme mon meilleur investissement de 2019), le tout monté et capturé uniquement dans ma chambre à coucher.
C’est donc dans cette démarche que se construit ma prochaine exposition, dans laquelle je ne fais que mettre en images mon monde à moi, avec l’envie de partager ce que je vois au jour le jour dans la banalité apparente de notre quotidien. A l’instar de ma première exposition, je travaille également sur une histoire qui accompagnera ce travail.
La seule chose que je vous souhaite aujourd’hui, c’est de prendre le même plaisir à suivre mes aventures que celui que j’ai à les vivre !
Mathieu